Prière marine

À travers des chemins nuptiaux d’orangers,
Je suis venue à toi, mer Méditerranée,
Et me voici debout, face à face, étonnée
D’ouvrir sur ta splendeur mes regards étrangers.

Portrait de la poète (Wikipédia)

Ce soir, ce premier soir, t’es-tu faite si pâle
Pour ne pas m’offenser de tes bleus inouïs.
Toi qui n’es pas l’horizon gris de mon pays.
Mer éternellement, rythmiquement étale ?

Je tremble de venir à toi, de t’apporter
Toute mon âme où crie et chante l’Innommable…
Quoique fille d’ailleurs, voudras-tu m’adopter,
M’enseigner le secret de tes eaux sur ton sable ?

Ah ! berce-moi, beau flot qui ne me connais point,
Moi qui suis veuve de ma mer et de ma terre,
Moi qui t’aime déjà, moi qui viens de si loin,
Moi qui voudrais commettre avec toi l’adultère !

Lucie Delarue-Mardrus, « Prière marine »,
dans Figure de proue, Eugène Fasquelle, 1908 (p. 11-12),
via Wikisource.


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