Peut-être avez-vous déjà croisé la dame en rouge. Si vous la cherchez, c’est sur les routes que vous la trouverez. De Nice, de France, mais aussi d’Europe. Transportant, dans sa valise rouge, la matière noire du poème. La poésie, elle l’a chevillée au corps et au coeur. Née de rencontres, de partages, avec ceux-là dont on parle beaucoup mais qu’on écoute très peu. Les migrants, comme on dit. Incapable de rester silencieuse face à tant de détresse et d’injustice, Sabine Venaruzzo prend sa plume et ses gants de boxe. « Et maintenant, j’attends », dit-elle.
L’humain d’abord
Elle écrit pour cet étranger qui a traversé l’Afrique et la Méditerranée pour atterrir devant l’église de Vintimille. Pour cet homme, Zachée, qui s’est noyé dans un lac français, après avoir survécu à la guerre et aux radeaux de fortune. Pour tous ceux et celles qui n’ont pas renoncé à croire que l’on peut placer l’humain d’abord. Pour tous ceux et celles qui sont prêts à suivre avec elle le fil rouge de la vie. S’il y a un Docteur Monde capable de suturer les plaies de l’humanité, capable du moins d’essayer encore et encore, sans résignation, mais au contraire avec la plus grande détermination, c’est bien elle, Sabine Venaruzzo.
Accompagnée ce soir par le guitariste Sinto, rencontré seulement deux jours avant, Sabine Venaruzzo a livré une prestation qui lui ressemble. Chaleureuse, humaine, engagée, alternant force et douceur, et surtout extrêmement joyeuse, malgré l’évocation du pire.

Une rentrée poétique
Pour Sabine Venaruzzo, l’aventure poétique est résolument collective. Aussi cette soirée des « Mots d’Azur » de Mouans-Sartoux était-elle pour elle l’occasion de célébrer sa rentrée poétique avec tous ses compagnons de route. En effet, cela fait 18 ans qu’existe sa compagnie « Une petite voix m’a dit ». Sabine Venaruzzo a pris le temps de remercier ses amis fidèles, avant d’évoquer ses projets artistiques et poétiques. Notamment, la dernière tournée des « Quatre barbues ». L’édition 2024 du Festival Poët Poët, avec un contingent exceptionnel de guests stars. Et un projet poétique européen, dont je vous dirai tantôt des nouvelles…
Une inhabituelle scène ouverte
Traditionnellement, depuis des années que Pierre-Jean Blazy organise les soirées des « Mots d’Azur » dans le magnifique écrin du château de Mouans-Sartoux, la performance du poète invité est suivie d’une scène ouverte, où les convives ont l’occasion de faire entendre leurs propres mots derrière le micro. Hier soir, nous avons eu droit à une scène ouverte d’une exceptionnelle ampleur, puisqu’aux habitués se sont joints les amis de Sabine. Christelle, Murielle et Ariel m’ont fait l’honneur de partager avec moi la lecture de mon « Poème pour le 17 mai ». Et Tristan Blumel a proféré un magnifique poème engagé derrière les barreaux de la fenêtre, accompagné par les pas dansés de Magali Revest.
De la musique en deuxième partie
Place est faite à la soprano Laurence Exertier, accompagnée par un pianiste talentueux. Elle nous a bercés de sa voix chaude et enivrante. J’ai particulièrement apprécié son interprétation de « L’invitation au voyage ». Même si les vers de Baudelaire se suffisent à eux-mêmes, il est toujours agréable de les entendre sous une autre forme.
La soirée s’est terminée avec un agréable et copieux buffet, qui a permis de nombreux échanges et des conversations passionnantes.
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Je remercie Pierre-Jean Blazy qui anime depuis de nombreuses années ces soirées des « Mots d’Azur » à Mouans-Sartoux, dans le décor exceptionnel du château. Il sait associer qualité et convivialité, et, de fait, le public ne s’y trompe pas. Hier soir, non seulement la salle était comble, mais il a fallu ajouter des sièges jusque dans le hall et même dans les espaces extérieurs. En raison de travaux, les prochaines éditions des « Mots d’Azur » seront délocalisées à Sophia-Antipolis. Pierre-Jean Blazy s’inquiétait, hier soir, de savoir si le public suivrait. Je n’ai, pour ma part, guère de doute sur le sujet.
Pour en savoir plus, je vous invite à consulter le site Internet de la compagnie « Une petite voix m’a dit », ainsi que celui des « Mots d’Azur ».
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Je l’ai croisée au mois de juin au festival Parole Spalancate de Genova en Italie. Mais aussi à Sète dans un spectacle époustouflant d’intelligence. Ce furent de beaux moments. Merci demoiselle en rouge !
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