Dix-huit ans de poésie

Elle a soufflé jeudi soir ses dix-huit bougies, au Bistrot Poète, à Nice. Elle, c’est la compagnie « Une petite voix m’a dit », une joyeuse troupe d’artistes et de bénévoles, qui en dix-huit ans, autour de Sabine Venaruzzo, a mené à bien de nombreux projets d’art, de culture et de poésie.

La compagnie est donc née en 2006, d’une volonté d’œuvrer pour le spectacle vivant sous toutes ses formes, pour les arts de la voix et du corps, pour la poésie.

Pour le spectacle vivant

Poésie et musique au Bistrot Poète, pour les 18 ans de la compagnie « Une petite voix m’a dit »

Parmi les réalisations de la troupe, on peut citer le spectacle des « Quatre Barbues », où quatre chanteuses lyriques déclinent au féminin des airs pleins d’humour, de satire et de fantaisie. Remettant au goût du jour des chansons mordantes et irrévérencieuses de Francis Blanche, Pierre Dac ou encore Boris Vian. Après plus de 150 représentations, ce spectacle touche à sa fin, et Sabine Venaruzzo annonce qu’il ne reste plus que deux représentations.

« Une petite voix m’a dit », c’est aussi de nombreuses interventions en milieu scolaire, dans le cadre notamment de résidences d’écriture. Les écoles maternelles, surtout, ont été demandeuses de cette approche où la poésie et les arts du spectacle vivant ne font qu’un, où l’on met les mots en voix et en corps, où la poésie n’a plus rien d’une corvée scolaire, et devient avant tout un plaisir.

Les Journées Poët Poët

« Une petite voix m’a dit », c’est aussi et surtout la compagnie qui porte les Journées Poët Poët, avec le PoëtBuro. Un festival international de poésie contemporaine, qui fait résonner les mots de poètes du monde entier dans tout le territoire des Alpes-Maritimes. Depuis dix-huit ans, chaque année, au mois de mars, à l’occasion du Printemps des Poètes, le festival investit des lieux emblématiques comme la Cave Romagnan, le 109, la Bibliothèque Nucéra, les librairies, mais s’invite aussi dans des espaces plus inattendus, dans l’arrière-pays ou les quartiers défavorisés, et jusque dans la rue, pour permettre à la poésie de retrouver sa place dans l’espace public.

Les Journées Poët Poët agissent ainsi à la fois très sérieusement et sans se prendre au sérieux. Elles dépoussièrent les préjugés et les idées reçues que l’on a parfois à l’endroit de la poésie. Elles sèment un grain de folie dans des institutions parfois trop austères comme les bibliothèques, les musées ou les universités. Et inversement elles instillent de la poésie là où l’on n’a pas l’habitude d’en voir et d’en entendre.

Depuis 18 ans, les Journées Poët Poët ont marié les poètes d’ici avec des poètes venus de loin. La rencontre est humaine avant tout. Il y a souvent un très beau partage, un échange qui est bien sûr poétique et artistique, mais qui va au-delà. Cette humanité que défend le festival est pour moi ce qui fait sa grande valeur. Ce ne sont pas juste des spectacles, et le public en est bien conscient.

Vous l’avez compris, je suis très heureux de faire partie du PoëtBuro, et j’espère que ce festival vivra encore longtemps. Nous ne nous voyons pas très souvent le reste de l’année, mais ces partages poétiques ont noué des amitiés très fortes, et c’est toujours un bonheur de nous retrouver. Je ne remercierai jamais assez Sabine Venaruzzo de m’avoir invité à faire partie de cette grande famille, et de me faire confiance pour participer à l’organisation du festival.

Quelques-uns des livres du « Poët Corner »

Hommage aux poètes invités

En début de soirée, Sabine et moi-même avons lu la longue liste des poètes invités, afin de leur rendre hommage. Les remercier d’avoir cru en ce festival, de s’y être investis chacun à leur manière, de partager cette approche à la fois sincère et irrévérencieuse, et toujours humaine.

Je n’égrènerai pas ici cette longue liste, cette impressionnante liste de poètes venus des quatre coins du monde. Mais je suis très heureux de vous dire que ces poètes sont encore un peu à Nice, bien après leur venue, virtuellement, grâce au « Poët Corner ». Le Bistrot Poète, récemment installé rue Tonduti de l’Escarène, à Nice, accueillera en effet une bibliothèque des poètes invités du festival. Un recueil pour chaque poète venu à Nice lors du festival. J’ai pris beaucoup de plaisir à participer à la sélection des ouvrages. Et je suis heureux que ce chaleureux bistrot accueille ainsi la mémoire des Journées Poët Poët.

Mais que se cache-t-il sous cette couverture dorée ?

Une scène ouverte

Le micro a ensuite été laissé à qui voulait. Cela a permis de revenir sur des moments forts de cette aventure : Marie-Hélène Clément a rappelé que le passage de Valérie Rouzeau à Nice et au monastère de Saorge a donné lieu à des poèmes parus dans Ephéméride (La Table Ronde, 2020). La lecture de ces poèmes a ravivé de nombreux souvenirs chez tous ceux qui étaient présents.

Autre anecdote, rapportée par Sandrine Montin, membre du PoëtBuro et maître de conférences à l’Université de Nice. Elle a rappelé que l’hommage rendu par le cinéma de Beaulieu à la poète Audre Lorde, inscrit dans la programmation des Journées Poët Poët, a été à l’origine de la volonté de traduire cette grande poète américaine, connue pour ses combats contre le racisme, contre l’homophobie et contre le sexisme. Il en a résulté un livre traduit par le collectif Cételle, groupe de traducteur.rice.s fondé au sein du CTEL, un laboratoire de recherches en littérature de l’Université de Nice.

Merci aux nombreux poètes et amis qui nous ont régalés de leurs lectures et de leurs mots. Et encore un joyeux anniversaire à toute la compagnie !


En savoir plus sur Littérature Portes Ouvertes

Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.