C’est en-dessous. C’est à l’intérieur. Que ça gronde. Que ça crépite. Là, quelque part, en dedans. Dans le tréfonds. Il y a, quelque part, une rage souterraine. Une force en toi qui trépigne. Quelque chose qui bout à feu doux. Comme un air de révolte. Quelque chose se prépare, s’ourdit, se fomente. Dans les profondeurs telluriques. Il y a parfois quelques secousses. Quelques signes avant-coureurs. Comme un avant-goût de ce qui bouillonne en-dedans. Un frémissement. Quelque chose attend de se dire. C’est une force qui se retient, qui ne veut pas jaillir trop tôt, qui se contient dans l’attente. C’est là, en toi, qui gronde. Tu sens ce bouillonnement à l’intérieur. Tu sens que ça approche, que ça progresse, que ça monte. Tu ne veux pas faire de mal, mais tu sais que c’est là, en toi, et que cela croît, que cela parcourt tes boyaux, que cela irradie tes viscères, que cela se répand inexorablement vers la surface. Il va bien falloir que cela sorte, que se montre, que cela jaillisse ! Ca veut sortir, ça va sortir, quoi que tu veuilles, quoi que tu fasses, ça sortira, par tous tes pores, par tous tes orifices ! Tu cracheras ta sombre fumée, tu expédieras tes gravats, tu crieras enfin ton nom de lave et de cendre, tu déchireras tes oripeaux et montreras ton vrai visage, volcan ! Car ta rage sera ta force, ta fureur fendra ton écorce, ta fougue percera ton derme ! Et c’est alors que ça jaillira, dans une immense et sublime explosion, s’écoulera de toutes parts, dans une cascade de feu et de roches en ébullition. Ta vague de destruction passée, ne restera que le vide et le silence. Tu te rendormiras pour mille ans.
Gabriel Grossi, jeudi 2 janvier 2025.
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