Enseigner en cours multiple

Enseigner en cours multiple, c’est-à-dire gérer une classe regroupant des élèves de niveaux différents, peut sembler être un véritable défi. Cette organisation pédagogique demande à être bien anticipée et structurée. Ayant fréquemment enseigné dans des configurations atypiques et peu fréquentes, avec des élèves de cycles différents (CE1/CM1, CE1/CM2, CE2/CM1, GS/CP), je partage ici quelques stratégies et réflexions pour rendre cette expérience aussi enrichissante que possible, tant pour l’enseignant que pour les élèves.

Mon expérience

J’ai débuté ma carrière d’enseignant, dès mon année de stage, avec une classe à double niveau, s’agissant d’un CE1/CE2. Il s’agissait cependant là d’un double niveau classique, avec des élèves appartenant au même cycle. Par la suite, j’ai découvert des configurations beaucoup plus atypiques, en enseignant dans une petite école. J’ai eu à gérer successivement un CE1/CM1 à 29 élèves (15 CE1 et 14 CM1), puis l’année suivante un CE1/CM2 moins chargé (16 CE1 et 7 CM2). Plus tard, j’ai aussi goûté à une classe de CE2/CM1, où il s’agit pour le coup de deux niveaux contigus, mais sur deux cycles différents, avec la particularité qu’il s’agissait d’une école bilingue français/italien. Et cette année, j’ai des GS/CP, avec des élèves de maternelle et des élèves de cours préparatoire dans la même classe.

Les défis à relever

Fort de cette expérience, je pense que ce genre de classe n’offre aucun inconvénient pour les élèves, qui peuvent au contraire y trouver un enrichissement lié à la fréquentation d’élèves d’âges différents. En revanche, pour le professeur, la gestion de telles classes nécessite de relever un certain nombre de défis.

  1. Gestion du temps : Il faut savoir jongler entre plusieurs progressions et besoins d’apprentissage sans négliger aucun groupe.
  2. Différenciation pédagogique : Adapter son enseignement pour répondre aux niveaux hétérogènes sans surcharger sa préparation.
  3. Autonomie des élèves : Encourager les élèves à travailler seuls ou en groupes autonomes pendant que l’on se consacre à un autre niveau.
  4. Évaluation et suivi des progrès : Maintenir un suivi précis des acquis de chaque élève malgré la diversité des niveaux.

Trois types de séances

Pour relever ces défis, je distingue trois types de séances :

  • Celles où chaque groupe fait une activité radicalement différente, qui n’a absolument rien à voir en termes d’objectifs, même si le domaine peut être le même : par exemple, les uns s’entraînent à poser des opérations pendant que les autres découvrent le maniement du compas.
  • Celles où chaque groupe a des objectifs distincts, mais à partir d’un point de départ commun, ce qui permet de ménager des temps collectifs au sein de la séance (passation des consignes, mise en commun, etc.). Par exemple, les plus jeunes doivent trouver les adjectifs, les autres doivent préciser s’ils sont épithètes ou attributs. La présence de points communs entre les deux séances permet de gagner du temps, mais les supports et les objectifs demeurent bien différents. J’y inclus des projets communs, où la tâche finale est commune, mais où les activités conduites seront différentes : en littérature, nous étudions généralement la même œuvre intégrale (ce qui ne veut pas dire que nous fassions la même chose avec), en langues vivantes, nous avons des projets communs.
  • Celles où l’ensemble de la classe pratique essentiellement la même activité, même s’il y a toujours des points de différenciation. En éducation musicale, en arts plastiques, en éducation physique et sportive, en éducation civique et morale, mais aussi parfois en sciences, je travaille avec le groupe classe au complet, ayant conscience qu’il faut aussi faire vivre la classe comme un groupe à part entière, en favorisant la coopération et l’entraide.

Les temps totalement scindés

Je vais donc commencer par décrire les temps où chaque groupe pratique une activité radicalement différente. Il importe avant tout que les élèves aient conscience que le maître n’a pas le don d’ubiquité, et que, lorsqu’il travaille avec un groupe, les autres sont en autonomie. J’utilise l’affichage suivant, fixé au tableau, avec un aimant qui symbolise la présence du maître pour un groupe ou l’autre. Les élèves savent ainsi s’ils pratiquent une activité dirigée par le maître, où s’ils doivent pratiquer une activité autonome. Bien entendu, il faut que l’activité autonome corresponde à du réinvestissement, et privilégier les séances de découverte et de recherche pour les activités dirigées.

► Télécharger l’affichage pour le double niveau.

Je procède ainsi :

  • Pour les mathématiques (numération, problèmes, mesures et grandeurs, espace et géométrie)
  • Pour l’étude de la langue (encore que, souvent, il m’arrive de partir d’un point de départ commun)
  • Pour ce qui relève de l’histoire et de la géographie (respectivement nommés temps et espace au cycle 2)

► Lien vers des ressources pour des activités autonomes

► Lien vers des ressources CP pouvant être utilisées en autonomie

Attention, il est important de noter que certaines activités ne peuvent être laissées en autonomie, et je pense en particulier à l’apprentissage du geste graphique en maternelle et au cours préparatoire, où il est essentiel de veiller à ce que les élèves ne prennent pas de mauvaises habitudes.

Les séances à canevas commun

Comme je vous l’ai dit, j’aime partir d’un point de départ commun, ou au contraire d’une tâche finale commune, pour finalement conduire des activités bien différenciées.

► Vous trouverez ainsi sur ce blog plusieurs projets de littérature où l’on utilise une œuvre commune, avec des activités souvent semblables, mais nettement différenciées. Je tiens à ce que la classe ait des vécus communs en littérature, avec des projets communs.

► Autre exemple, j’ai créé une séquence sur le passé composé totalement adaptable du CE1 au CM2, avec un canevas commun et des activités différentes. Parfois, l’activité est la même, mais les uns découvrent ce que les autres révisent. Cela me permet de montrer aux élèves la cohérence et la continuité d’une année sur l’autre : les apprentissages prennent appui les uns sur les autres en se succédant. Si je vous parle de cette séquence, c’est que je l’ai totalement publiée sur mon blog, avec tous les supports, donc n’hésitez pas à aller voir le lien, tout est prêt clefs en mains.

Les séances communes

Il est important aussi de faire vivre le groupe classe. Même s’il y a plusieurs niveaux, cela reste une classe qui doit avoir certains vécus en commun. Nous pratiquons ainsi ensemble les domaines suivants :

Vous allez me dire : pourquoi les sciences, alors que les programmes sont malgré tout assez différents ? Eh bien, c’est une question de bon sens : lorsque vous faites une expérience amusante avec un groupe d’élèves, il serait tout à fait illusoire de croire que l’autre groupe est disposé à faire de la copie. Il est bien plus enrichissant de faire l’expérience tous ensemble, et chacun en tire un savoir plus ou moins avancé.

N’hésitez donc pas à suivre les différents liens, et à parcourir les nombreuses ressources de ce blog, pour préparer vos enseignements dans une classe à cours multiples. Bien évidemment, l’espace des commentaires vous est ouvert si vous avez une question ou une demande.


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