Je vous propose aujourd’hui un poème personnel né de la relecture d’un très célèbre poème que je ne vous ferai pas l’injure de nommer, puisque vous l’aurez immédiatement identifié.
Nous aussi nous sommes las De ce monde trop ancien La Tour Eiffel ne s'intéresse Plus au troupeau des voitures Et ce sont toujours les mêmes Avions qui sortent des hangars On cherche en vain Le progrès humain Et parfois il te semble même Qu'on était tout aussi moderne Dans l'Antiquité grecque et romaine Ils avaient des esclaves certes Nous en avons aussi Ils livrent des repas à bicyclette Ou confectionnent nos vêtements dans Un atelier du tiers-monde Où les mots droit du travail N'existent dans aucune langue Voilà la poésie ce matin Une mouette perchée sur un lampadaire Un petit déjeuner au bord de mer Et toujours l'horreur dans les gros titres Enfin il y a du soleil et les sirènes Vrombissent dans l'air déjà tiède Sur sa Vespa une jolie fille cambre le dos Robe longue et lunettes de soleil Précédant le cortège des ouvriers le manège Des vacanciers qui tournent autour du Colisée Il y a des images qui passent comme on dit des anges Et tricolores les feux brûlent à l'angle des rues De nos villes qui se croient modernes Trois gamins pataugent dans une fontaine Ignorant sans doute que la mer est à cent mètres Le vieil homme sur son banc regarde décoller les avions Lui aussi en a assez de ce moyen âge de cette préhistoire Qui se donne des airs futuristes Une moto vrombit quelque part un pigeon roucoule Les villes se hérissent de grues Ça grouille, ça construit, ça accélère Le monde est beau comme un caniveau Sous la canicule le macadam pétille Les galets s'entrechoquent dans un cliquetis clair On mange des glaces des granités des barbapapas Il y a des glaçons aujourd'hui dans les verres d'alcool Et la terre tourne que ferait-elle d'autre la terre Est belle comme une balle de golf Un jeune homme aux cernes déjà marqués Fume une cigarette derrière un bosquet Un autre en costard cravate roule en trottinette Un autre à sa mine a trop fait la fête Que cherchent-ils à oublier sous les palmiers Étrange ronde autour des flaques attention Le monde est beau comme une plaque d'immatriculation Ô vingt-et-unième siècle saoul de tes promesses Nous t'attendons cœurs usés désabusés perfusés Au milieu des galets un morceau de verre rose Poli par les vagues en forme de cœur Attend la petite fille qui va le trouver Au milieu des galets
Gabriel GROSSI, 10 juillet 2022.
Image d’en-tête : Pixabay.
Ecoutez des versions chantées de ce poème

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excellent encore ! oui « le monde est beau comme un caniveau »
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Merci beaucoup !
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J’adore. Bravo!
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Merci beaucoup !
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