Boucle d’or au CP

En principe, Boucle d’or est traditionnellement enseigné en maternelle. Mais cette année, plusieurs classes de mon école participent à un projet de musique, que je ne détaillerai pas ici, et qui est basé sur une adaptation musicale du conte. Il faut donc que les élèves aient un peu pratiqué le conte. J’ai prévu pour cela une mini-séquence, conçue pour un début CP, donc pour des élèves qui ne savent pas encore lire. Elle débouche sur une restitution du conte par les élèves eux-mêmes, devant les décors projetés, avec de petites marionnettes.

Séance 1 : découverte du conte

En cette première période, les élèves sont encore trop peu capables de lire par eux-mêmes. Je travaille donc la compréhension à travers des livres lus par l’adulte. Cela leur permet de se confronter à des histoires plus résistantes du point de vue de la compréhension que ce qu’ils pourraient lire par eux-mêmes, étant donné que certains ne vont pas au-delà de quelques syllabes. Les programmes prévoient explicitement cette disposition.

La lecture à voix haute du conte par le maître est suivie de questions orales formulées de la même manière que dans la « pédagogie de l’écoute » de Pierre Peroz. L’idée principale est d’éviter de faire se succéder des questions sans lien entre elles, portant sur des détails insignifiants du texte, comme cela se fait trop souvent. L’enseignant pose la même question à plusieurs élèves avant de passer à la suivante, ce qui leur donne la possibilité de se compléter les uns les autres, pour aboutir à des réponses plus riches, et ce qui les oblige à s’écouter. Ce sont des questions ouvertes, qui vont progressivement vers l’interprétation et le jugement.

J’ai été surpris de voir que de nombreux élèves ne connaissaient pas le conte de Boucle d’Or, et qu’ils le découvraient pour la première fois, alors que c’est un grand classique de la littérature enfantine. J’avais peur que mes élèves n’aient pas envie de travailler sur ce conte trop facile et déjà connu. En réalité, ils y ont pris beaucoup de plaisir. Je pense qu’il est vraiment nécessaire de travailler les textes patrimoniaux à l’école et d’instaurer une culture commune à tous.

En fin de séance, j’ai utilisé des objets présents dans la classe pour qu’ils racontent avec leurs propres mots, de façon encore très guidée. Je pensais que cela serait facile pour eux car je supposais qu’ils connaissaient bien l’histoire. J’ai utilisé le fauteuil du maître, une chaise empruntée à la classe de CM1 attenante et une chaise de CP pour représenter les chaises de Papa Ours, Maman Ours et Bébé Ours. J’ai trouvé au fond de la classe des cylindres de taille différente, dans la même matière que les frites de natation, pour représenter les trois bols. Nous avons utilisé le coin bibliothèque pour représenter la chambre. Les élèves ont eu besoin d’être trés guidés. J’essayais de leur faire répéter les phrases très répétitives du conte.

Séance 2 : jouer le conte

Lors de la deuxième séance, j’ai commencé par un échange oral permettant aux élèves de dire ce qu’ils se souvenaient du conte. Les élèves se complètent les uns les autres. Collectivement, on remet les choses dans le bon ordre. Cette entrée en matière permet de faire le lien avec la séance précédente.

J’ai ensuite demandé aux élèves de choisir trois moments de l’histoire, au début, au milieu et à la fin, et de les dessiner. Le passage par le dessin est intéressant pour évaluer la compréhension d’élèves encore largement incapables d’écrire. Cependant, certains élèves détournent la consigne, non pas parce qu’ils ne la comprennent pas, mais parce qu’ils ont envie de dessiner autre chose ou autrement qu’en trois dessins. Le temps de mise en commun qui suit permet de revenir sur cela, de les faire parler et de voir ce qu’ils ont compris. J’ai été surpris aussi du peu d’habileté de certains en dessin. Il s’agissait certes d’une séance de littérature et non d’arts plastiques, le but était de faire un dessin rapide et non une oeuvre d’art, mais il faut malgré tout que l’on puisse reconnaître ce qui est dessiné, ce qui n’est pas le cas de tout le monde. Si je devais refaire cette séance, je l’aurais fait précéder d’un temps où on se met d’accord sur la manière de dessiner un bol, une chaise, un ours.

Le but final était enfin de jouer le conte devant un support vidéo-projeté. Les élèves venaient par groupes de quatre, marionnettes à la main, pour raconter l’histoire. Ils devaient placer leur figurine devant le bon décor et la faire parler. Cela a été l’occasion de prises de parole très riches, mais aussi de débats, la classe pouvant intervenir en cas d’erreur ou d’omission. Tous les groupes n’ont pu passer cette fois-là, d’autres sont intervenus sur une troisième séance. Si je devais refaire cette séance, je réfléchirais à des façons d’aider les élèves plus faibles, qui se divisent en deux catégories : les petits parleurs, qui n’osent pas trop prendre la parole, et les petits compreneurs, parfois très à l’aise mais qui s’embrouillent facilement dans leur récit.

Passer par la mise en scène est intéressant en ce que cela permet de lever de nombreux implicites . J’ai en particulier insisté sur les différents lieux : au début de l’histoire, les trois ours sont chez eux, et Boucle d’Or n’est pas là ; c’est lorsque les ours sont sortis cueillir des baies que Boucle d’Or pénètre dans la maison ; lorsque les ours reviennent chez eux, Boucle d’or est encore dans la maison. C’est l’occasion de travailler sur la position simultanée des personnages, alors que le texte, lui, dit les choses les unes après les autres.

Nous avons aussi révisé les phrases de dialogue, très répétitives, mais j’ai été étonné que pour une troisième séance, certains élèves les connaissaient encore peu. Il faudra revoir cela.

Cette façon de faire s’inspire de la pratique du tapis de contes telle qu’elle a lieu en maternelle. Là, au CP, en fin de période, je n’avais pas le temps de leur faire créer le décor, et j’ai donc décidé de projeter ce décor. Pour cela, j’ai utilisé le logiciel Canva qui dispose d’un outil de génération d’images par intelligence artificielle. J’ai créé la maison, et j’ai disposé par-dessus des images des trois pièces. Ce montage permet de représenter les différents lieux et les différents temps de l’histoire. Les images déjà disponibles du conte montrent en effet les ours dans la maison, et moi je voulais les décors seuls, afin que les élèves puissent faire se déplacer les personnages grâce aux marottes.

Les élèves ont fait se déplacer les personnages et ont joué l’histoire

Conclusion

Cette petite séquence a été assez improvisée car je n’avais pas prévu, au départ, de travailler sur ce conte. C’est lorsque j’ai appris que le projet de musique de l’école consistait en une adaptation musicale du conte que j’ai décidé de travailler le conte lui-même avec mes élèves. Ce conte est habituellement très travaillé en maternelle et c’est pourquoi je me suis contenté d’une mini-séquence qui, dans mon esprit, devait être une simple révision. Comme je l’ai indiqué au cours de l’article, j’aurais probablement fait les choses autrement si j’avais imaginé que certains élèves rencontreraient des difficultés à comprendre le conte. Je partage avec vous ma réflexion, mes fiches de préparation et mes supports dans le fichier PDF ci-dessous. J’espère que certains auront envie d’essayer…

Ce fichier PDF (voir ci-dessous) détaille les séances 1 et 2, avec fiches de préparation et supports. L’étude du conte a en réalité occupé 3 séances, afin de faire passer d’autres élèves à l’oral avec les marionnettes.


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