Ce vendredi 22 novembre, le Bistrot Poète, chaleureusement tenu par Camille et Aurore, s’est métamorphosé en scène littéraire queer, à l’occasion du Queer Book Club. Cet événement, organisé par l’association Polychromes dans le cadre de ZeFestival 2024, a réuni une belle assemblée d’amateurs de littérature, de curieux et de militants venus célébrer la diversité des plumes LGBTQIA+ de la région.

Une rencontre littéraire au cœur de Nice

Dès 19h, le 34 avenue Tonduti de l’Escarène a accueilli les convives dans une ambiance conviviale. Sous la houlette de Michaël Brice, maître de cérémonie charismatique et passionné, les discussions se sont enchaînées avec fluidité, mettant en lumière les univers variés des auteurs et autrices invités : Thomas Montoir, Ariel Tonello, Amandine Brulé, Sandra Mathieu, Pierre Vicar, François Calvia… et un certain Gabriel Grossi ! Chacun a partagé un extrait de son œuvre, des anecdotes de parcours et ses réflexions sur le lien entre identité et création littéraire.

Cet événement était organisé par l’association Polychromes. Affiliée au Centre LGBT+ Nice Côte d’Azur, l’association, présidée par Sophie Lannier, est connue pour ses initiatives culturelles dans des domaines aussi variés que la chorale, le cinéma, le théâtre, la littérature ou encore les visites d’expositions. En proposant cette soirée littéraire, Polychromes a offert une plateforme précieuse pour faire rayonner les voix LGBTQIA+, tout en favorisant l’échange et la rencontre entre artistes et public. Ce « Queer Book Club » était intégré à la programmation de « Zefestival », qui est un festival de cinéma queer qui se déroule sur plusieurs mois dans toute la région Sud.

Des écrivains LGBT niçois

Plusieurs écrivains LGBT se sont ainsi succédés au micro pour présenter brièvement leur création. Il s’agissait d’un format court pensé comme une sorte de « speed dating ». J’ai apprécié la diversité des personnalités et des productions des écrivains LGBT niçois.

Mon ami Ariel Tonello a ouvert le bal, en présentant son recueil que j’ai déjà eu l’occasion de commenter dans les colonnes de ce blog. Les Monstres sous le lit est l’histoire d’un dépassement de soi, d’un arrachement aux peurs nocturnes, en même temps qu’un voyage féerique et un défi sportif. Les poèmes relatent un voyage à vélo de Nice à Clermont-Ferrand, qui devient sous la plume du poète une véritable odyssée. Le livre est par ailleurs joliment illustré des montages photographiques de Fotocello, où le voyage se pare d’une dimension onirique et inclut des images de shibari, l’art japonais du ligotage.

Amandine Brûlé est l’autrice de dessins qui sont des portraits de femmes, regardés pour une fois autrement qu’avec le regard masculin dominateur qui est le plus représenté dans l’histoire de l’art. La dessinatrice raconte l’importance pour elle des rencontres et des échanges avec toutes ces femmes qui ont accepté de prendre la pose. Beaucoup d’entre elles sont des militantes de la cause lesbienne. Ces dessins ont d’abord donné lieu à une exposition à la librairie Vigna. Ils ont ensuite été recueillis en un livre, où l’on peut lire, en regard des dessins, le propos des femmes dessinées, ce qui contribue à faire de ces femmes des sujets et non plus des objets. C’est toute l’humanité de ces femmes qui est ainsi révélée, à la fois par le dessin et par le texte.

Sandra Mathieu, enseignante spécialisée, a publié Merci Julie ! aux éditions Télémaque. Ce roman raconte l’histoire d’un écrivain parisien qui se rend à Nice pour rencontrer un couple de jeunes femmes victimes d’homophobie.

Pierre Vicar présente Les Marches du désordre, un roman dont l’action se situe à Nice, entre les années soixante et nos jours. Le récit nous fait découvrir la capitale européenne tout en développant le parcours d’une vie. Le livre est paru aux éditions du Lys Bleu en 2022.

C’est un essai que présente François Calvia. Sous le titre Tu prends perpète quand tu fais un enfant, il rappelle que la parentalité engage toute une vie, et qu’elle doit être une décision mûrement réfléchie. Il y a selon l’auteur une injonction sociale à enfanter, alors que tout le monde n’est pas prêt à en assumer les conséquences.

Après deux recueils de poèmes, Thomas Montoir, alias Tom Altort, a publié un récit autobiographique intitulé Dix centimètres pour la vie, dans lequel il revient sur son cancer du testicule, évoquant certes, comme on s’y attend, les traitements, les chimiothérapies, les opérations, mais aussi et surtout le bouleversement personnel, la difficile reconstruction après la rémission, les difficultés psychologiques liées à une telle maladie. Nulle doute que ce témoignage sera utile à la fois aux personnes concernées, qui s’y reconnaîtront, et aux autres, qui découvriront un univers méconnu et poignant.

Michaël Brice a enfin présenté son dernier roman, Ce qui nous tient à cœur. L’action se situe à Nice, dans un temps qui, par rapport au moment de l’écriture, correspond à un futur proche. L’auteur a imaginé Nice dans quelques mois, avec les futures lignes de tramway déjà construites, l’hôtel de police déjà livré, et le centre commercial Iconic complètement achevé. Dans ce futur proche, les personnages vivent des aventures poignantes. Ce ne sont pas à proprement parler des personnages LGBT, mais ils pourraient bien se découvrir dans le volume suivant…

J’ai présenté Du Néon aux étoiles

Comme vous le savez peut-être si vous suivez régulièrement ce blog, j’ai récemment publié un recueil intitulé Du Néon aux étoiles, qui propose un parcours de la noirceur, de la violence et de la solitude à la beauté, à l’amour, à la joie, à la fête. J’ai été très heureux de présenter ce tout nouveau livre, qui est mon deuxième recueil de poésie. J’ai lu le poème inaugural, le « Poème pour le 17 mai », qui est une litanie contre l’homophobie, ainsi qu’un poème plus festif, qui est un rap situé dans la section finale du recueil. Je pense avoir montré ainsi deux aspects très différents de ce livre qui vous fera passer par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel…

Un quiz pour terminer la soirée

Le moment fort de la soirée fut sans aucun doute le quiz interactif, grâce à l’application Kahoot, qui a permis à tous les participants de tester leurs connaissances en littérature queer. Les rires et les discussions passionnées fusaient, preuve d’un réel engouement pour le sujet. Et pour parfaire cette soirée déjà riche, les invités ont pu savourer des planches garnies de produits locaux, le tout accompagné de verres de vin soigneusement sélectionnés.

Ecrivains et public ont ensuite bénéficié d’un temps d’échanges pour discuter de façon plus informelle des différentes publications, un temps également consacré à la vente des ouvrages concernés. Je suis satisfait d’avoir vendu plusieurs exemplaires de mon recueil, tout en ayant fait aussi de belles découvertes, pour des livres dont je pourrai rendre compte prochainement.

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Pour tous les amoureux de la culture queer et les passionnés de littérature, ce rendez-vous a été un beau moment d’échanges, de partages et de découverte, dans la bonne humeur et la convivialité. Une chose est sûre : la communauté LGBTQIA+ azuréenne a encore de belles pages à écrire !