Pourquoi le COS a-t-il disparu des programmes ?

Lorsque vous étiez élève, vous avez sûrement entendu parler du Complément d’Objet Second, fréquemment abrégé sous la forme COS. Cette notion grammaticale n’apparaît plus dans les programmes : ni les programmes actuels de 2023, ni les nouveaux programmes en vigueur à la rentrée 2025. Pourquoi cela ? Je vous explique tout !

Qu’est-ce que le COS ?

Le COS est un complément d’objet dont la particularité est de suivre un autre complément d’objet. Il est ainsi « second », puisque le verbe est complété par deux compléments d’objet. Considérons l’exemple suivant :

Dans cet exemple, le groupe nominal « un stylo » occupe la fonction de complément d’objet direct, et le groupe nominal prépositionnel « à Pierre » occupe la fonction de complément d’objet second. Le premier complément correspondrait à un accusatif latin, tandis que le second correspondrait à un datif.

Cette désignation de « COS » est quelque peu étrange, en ce qu’elle revient à nommer différemment un complément selon qu’il est précédé ou non d’un autre. Dans l’exemple (1), le groupe de mots « à Pierre » est bien un complément d’objet construit indirectement.

Le COS n’est pas toujours second

Surtout, la désignation de COS peut entraîner la création de « mythes grammaticaux », car elle peut laisser croire que, lorsqu’il y a deux compléments d’objet, il y a toujours un complément direct suivi d’un complément indirect, ce qui est loin d’être le cas.

Il est des exemples où c’est le COI qui précède le COD :

L’ordre est ici probablement modifié par la longueur du COD et par le recours à un langage soutenu. Toujours est-il que, grammaticalement, le complément d’objet qui serait analysé comme « second » arrive ici en premier !

Le COS ne suit pas toujours un COD

Le recours à la catégorie de COS peut laisser croire aux élèves que le COS est un complément indirect qui suit nécessairement un complément direct. Cela est parfois le cas, bien sûr, mais cette règle est loin d’être générale. Considérons l’exemple suivant :

Ici, nous avons deux compléments indirects successifs.

Le COS n’a rien de spécifique

Les exemples ci-dessous montrent bien que le complément « à Pierre » ne change pas radicalement de fonction selon qu’il est précédé ou non d’un premier complément.

Les exemples (2) à (4) ne varient que par la suppression de l’un des deux compléments d’objet indirect. Dès lors, il n’y a aucun intérêt particulier, autre que de numérotage, à désigner « à Pierre » comme un complément d’objet second dans l’exemple (2), alors qu’il serait désigné comme COI dans l’exemple (3).

La triple complémentation

Parler d’objet « second » impliquerait qu’il ne puisse y en avoir de troisième. C’est bien là le sens de « second » par opposition à « deuxième ». Or, il existe des constructions verbales à trois compléments d’objet, comme le rappelle la GMF.

Nous avons ici deux compléments directs (un complément d’objet et un complément de mesure) suivi d’un complément indirect.

C’est aussi le cas des verbes qui impliquent une transformation ou un déplacement :

Les phrases (5) et (6) comportent un complément direct (« ce livre », « son père ») et deux compléments indirects, l’un marquant l’origine, l’autre le résultat d’une transformation ou d’un déplacement.

*

De tout ce qui précède, il résulte que la notion de COS n’est pas incorrecte, mais qu’elle est peu utile. Il n’y a aucune spécificité grammaticale du COS. Le fait qu’un complément d’objet intervienne ou non après un autre complément d’objet ne lui apporte aucune caractéristique supplémentaire. Il vaut mieux que les élèves retiennent qu’il y a des compléments directs, des compléments indirects, et que leur nombre peut varier de 0 à 2 voire parfois à 3. On notera ainsi que la Terminologie grammaticale officielle du Ministère de l’Education Nationale ne fait pas mention de « complément d’objet second ».


En savoir plus sur Littérature Portes Ouvertes

Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.

5 commentaires sur « Pourquoi le COS a-t-il disparu des programmes ? »

  1. En lisant cet article, je réalise que beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis mes premières leçons de grammaire à l’école primaire. À cette époque, j’aurais analysé « à Pierre » comme un COI, puisqu’il est introduit par la préposition « à »

    J’aime

  2. Ben ! Heureusement que l ‘on m ‘a enseigné la grammaire avec plus de simplicité ! quel détour pour arriver du direct à l ‘indirect ! en plus avec une tendance dyslexique !!! Il y a ,je dois dire ,quand je vois les complexités des méthodes soi disant modernes le sentiment de l ‘avoir échappé belle Il est vrai que je suis une vieille dame de 90 ans qui radote !!!!

    Aimé par 1 personne

Répondre à Duteil Danièle Annuler la réponse.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.